Une fiction: Cayo Largo en 2020

[CubaLibre]

Ce texte est une: FICTION... séjour au Sol Cayo Largo en: 2020

Il y a quelques années que je n'étais pas retourné au Sol Cayo Largo, après une bonne quinzaine de séjours.
Même si les prix avaient subi une hausse importante, j'avais le goût de revoir les longues plages désertes et dorées au lever du soleil et en fin de journée quand le soleil aux couleurs de feu, plonge dans la mer.
A mon arrivée, ce qui m'a d'abord surpris, c'est l'aérogare : beaucoup plus grand, plus moderne.
Cayo Largo attire de plus en plus de touristes.
Les chambres de l'hôtel ont été complètement rénovées, plus modernes, plus fonctionnelles. Je fais une tournée du site. A la droite de la plage, il y a une nouvelle section de bungalows. C'est la section Royale. Les clients de cette section VIP profitent d'une piscine privée, d'un restaurant international à la carte. Un gardien de sécurité en contrôle l'accès; une section de la plage leur est également réservée, avec service de bar exclusif.
Autre nouveauté : entre le Sol et l'autre hôtel voisin, le Pelicano, on a aménagé un pueblo pour les touristes. Une large passerelle permet d'y accéder facilement.
On y retrouve des boutiques de souvenirs...des boutiques de vêtements de plage de luxe. Une populaire chaine de restauration rapide attire les touristes. D'autres font la file dans cette autre chaine populaire, reconnue pour son café et ses beignets. Il y a aussi une discothèque avec terrasse avec vue sur la mer des Caraibes.
Je remarque qu'au Pelicano une nouvelle section a été aménagée, une section VIP m'a-t-on dit, encore là avec plage privée.
De retour au lobby du Sol, des clients attendent impatiemment le mini bus qui les conduira à la marina où un nouveau parc aquatique a été aménagé; nager avec les dauphins est toujours populaire. Bien sûr, il y en a encore qui dénoncent cette activité, mais encore là, la demande était trop forte, semble-t-il, pour l'en empêcher.
D'autres touristes dans le lobby s'apprêtent à partir pour le village, en excursion de magasinage. Un nouveau magasin promet des prix imbattables..
Fin de journée : une longue marche sur la plage, direction Mal Tiempo. Sur la mer, il y a des voiliers, des bananas boat, des hors bord qui filent à grande vitesse; plus loin, des cargos, de gigantesques bateaux de croisière. Le vieux jardinier de l,hotel m'a dit que le trafic maritime avait fait fuir les pélicans qui ne viennent plus pêcher. Les lumières et la musique des bar terrasse, en soirée ont aussi chassé les tortues géantes qui ne viennent plus pondre leurs œufs sur les plages de l'île. D'ailleurs, la ferme de tortues a disparu. Elle a fait place à un petit musée d'interprétation, où l'on peut acheter des tortues en plastique, ou en peluche.
A Mal Tiempo, un nouvel hôtel de 500 chambres est en construction; un hôtel 5 étoiles.
Comme je le faisais d'habitude, j'ai poursuivi ma marche jusqu'à la plage de Sirena. La plage est toujours aussi belle. Tout le reste n'est plus le même. Ici, toutes les activités nautiques sont désormais possibles. D,autres boutiques. Quelques restaurants.. des bars. Il y a de grands projets pour Sirena. Des promoteurs veulent construire des condos, pour achat et pour des locations à long terme. Les promoteurs disent que plus de la moitié des unités sont déjà vendues.
Les employés du Sol que je connaissais ont presque tous quitté l'hôtel, pour retourner vivre à l'Île de la Jeunesse; là aussi il est question de grands projets touristiques, d'autres sont retournés à la maison, à La Havane, à Trinidad, ou dans la région de Cayo Santa Maria. D'autres sont demeurés à Cayo Largo, ils sont devenus propriétaires de leurs commerces, dans l'industrie touristique, ou gérant de commerces de chaines internationales.
Pendant mon séjour, j'ai bavardé avec quelques touristes, la plupart des Américains, de Miami, New York, Chicago. Ils m'écoutaient incrédules leur parler de ces tortues géantes qui venaient pondre leurs œufs, la nuit sur la plage, de ces pélicans qui vous frolaient, avant de plonger et capturer un poisson, du plaisir de se retrouver presque seul au monde sur ces plages désertes, de ces employés qui vous accueillaient année après année, comme si vous étiez un membre de la famille. Ces mêmes touristes riaient aussi de bon cœur quand je leur parlais des pénuries de fruits et légumes, de coupures de courant électrique, de la pluie qui s'infiltraient dans les chambres, des portes patio presqu'impossibles à ouvrir, de ces climatiseurs qui fonctionnaient tant bien que mal.
Puis, ils me demandaient pour quelles raisons des ''habitués''revenaient ici année après année. Je leur disais que pour eux, Cayo Largo,, c'était comme une sorte de petit paradis ou un chalet où l'on se sentait un peu comme à la maison.
Quelques jours plus tard, assis dans l'avion qui me ramenait à Montréal, je regardais s'éloigner Cayo Largo une dernière fois, du haut des airs. Je fredonnais Chan Chan cette vieille chanson de Compay Secundo que je n'avais pas entendue de la semaine.
Je me disais : je me doutais bien que Cayo Largo allait changer, que c'était inévitable.

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Cette réflexion m'a été inspirée de conversations avec des touristes, avec quelques employés d'hötels, de plusieurs messages lus sur les forums à propos de ce dégel des relations entre les États-Unis et Cuba et de son impact sur l'industrie touristique.

[jedab]

C'est Léonard de Vinci qui a affirmé un jour que tout ce qui peut être rêvé se réalisera un jour.....heureusement ....ici ...il ne s'agit que d'une réflexion sur un des avenirs possibles.....

J'ose encore que ce que je vois en rêve a plus de possibilités de se réaliser et ce, même quand je rêve que l'île fini par disparaitre sous la mer comme l'Atlantide.

Merci à vous d'avoir partager votre réflexion avec nous toutes et tous.

[guyguy]

Une fiction mais oh combien plausible...verrons- nous la fin de Cayo Largo? Je ne sais trop, sauf que cette îlot ne pourra jamais soutenir tous les projets et infrastructures décrits....sans que son environnement soit pollué et détruit à tout jamais....juste de gérer les ordures est déjà un sérieux Problème!

À chaque retour je me dis...était- ce la dernière fois?
Un site de plongée....l'île sous la mer.... Non, moi je vois plutôt une île privée qu'un sheik arabe aura achetée à coup de pétrole...pour son usage personnel...exit les hôtels...seulement une énorme villa avec des cottages pour les invités, des yatchs, etc...aéroport, héliport,disco,terrain de golf, centre de plongée, plantations....etc...

[Anne M.]

Selon moi, cette fiction ne se réalisera pas, ou certainement pas avant de très nombreuses années. Le dégel annoncé ne permet PAS encore les voyages purement touristiques aux Américains. L'embargo ne sera pas levé de sitôt, car cela requiert l'approbation du Sénat qui est farouchement anti-Cuba (les Républicains ne veulent pas perdre les votes des Cubains de Miami - ceux-ci revendiquent la liberté pour Cuba mais ont oublié que Cuba n'était pas une démocratie avant la révolution).

Tant que le gouvernement Cubain gardera les mêmes orientations, il n'y aura pas de propriétés étrangères à Cuba. Même si les deux Castro meurent, je ne vois pas un changement radical vers le capitalisme du jour au lendemain. Les Cubains ne veulent surtout pas être envahis et dominés par les Américains - c'est entre autres pour sortir les Américains qu'ils ont fait la révolution! Certes, ils veulent plus de liberté d'expression et de propriétés et ils sont attirés par le "gazon plus vert" de nos pays. Cela était dit, ils ne se doutent tellement pas des difficultés que le capitalisme engendre. Un tout petit exemple: la plupart des Cubains n'ont aucune idée ce que veut dire la productivité - ce n'est pas de leur faute, il n'y a pratiquement jamais de conséquence s'ils font leur travail à moitié, surtout pour quelqu'un qui est le moindrement "connecté". Tu es en retard à tous les jours? Pas de trouble, commence à travailler quand tu arrives. Tu dois remplacer occasionnellement ton superviseur? Ta paie est la même que celui qui arrive en retard à tous les jours.

Selon moi, le dégel annoncé est un pas vers l'avant, certes, mais le gouffre est encore immense entre la réalité actuelle à Cuba et votre fiction.

Chose certaine, personne ne peut prédire en ce moment quelle direction Cuba va prendre au cours des prochaines années et décennies. L'histoire fascinante de Cuba se poursuit!